Envoi une lettre a sa famille (LIBRE =)

Le coup des 23h venait de sonner. Ivana n’avait théoriquement pas le droit de se promener à cette heure là dans le château, mais à ce moment là, elle se fichait éperdument du règlement. En effet la jeune femme n’avait pas tellement le moral, c’est pourquoi elle avait subitement ressenti le besoin d’écrire à sa famille, sûrement dans le but d’obtenir un peu de réconfort. Depuis quelques temps, la sorcière se sentait assez seule au château, puisque de nombreux élèves restaient en petits groupes et elle, elle ne parvenait pas à s’intégrer correctement. Pourtant, ce n’était pas faute d’essayer… Elle avait tenté à de nombreuses reprises de discuter avec d’autres personnes, mais c’était comme si on ne la voyait pas, ou alors comme si elle n’avait aucun intérêt.
Ivana arriva donc vetue de sa robe de chambre dans la volière, puis elle tendit le bras en attendant qu’une chouette de l’école veuille bien prendre sa lettre.

Ivana, remplie de l'espérance de la venue d'une chouette qui se caractérisait par un bras tendu, entendit quelqu'un fredonner un air qui lui était inconnu tout en montant les escaliers. Elle devait avouer qu'elle était un peu surprise de voir quelqu'un dans la volière de l'école à cette heure là. Mais après tout, si elle elle y était, n'importe qui d'autre pouvait y être. C'était si stupide...
Ivana était en train de se rendre compte que bien souvent les gens sont égocentriques, qu'ils se disent qu'ils seront toujours les seuls à faire telle ou telle chose, quand la seconde suivante le nouvel arrivant entra tête baissée dans la volière, ce qui coupa net sa réflexion. La Gryffondor se retourna pour voir de qui il s'agissait, tout en le regardant avec un air surpris. Elle secoua donc la tête pour retrouver ses esprits et lui paraître plus sympathique.

"Euh... Bonsoir." dit-elle assez solennellement.

C'était un sorcier qui paraissait être peut-être en dernière année, pas très grand et les cheveux blonds cendrés, il dégageait une sorte d'aura mystérieuse subliment froide. Le jeune homme n'avait pas l'air à être du genre à parler de tout et de rien pendant des heures, c'est pourquoi sans attendre vraiment de réponse, Ivana détourna les yeux de nouveau en direction des oiseaux et fut heureuse de voir qu'enfin une chouette hulotte venait de se poser sur son bras. La jeune femme sortit la lettre de sa poche et avant de l'accrocher à la patte de l'animal, elle la relut une toute dernière fois.

"Non..." murmura-t-elle pour elle même.

« Bonsoir »

Répondit simplement Narcisse qui était resté quelques secondes le regard sur cette jeune fille qui ne semblait pas être beaucoup plus jeune que lui. C’était fantaisiste de voir comment la lumière de la lune se reflétait dans les cheveux de cette élève qui pouvait faire penser une seconde à une vélane à cause de leur couleur blond très pâle.

Il s’assit sur le rebord d’une fenêtre de pierre et posa son étuis de cuir sur ses genoux pour en sortir un violon qu’il bloqua sous son menton et un archet, glissant entre ses doigts. Il ne savait pas exactement ce qu’il voulait jouer, la mélodie de Beethoven était du vu et revu pour lui.

Il opta pour un petit accordage expresse et alors qu’il allait caresser ses cordes de son archet, il entendit un très léger « non » d’une voix féminine… Le russe s’arrêta et la regarda d’un air interrogatif.

« Quoi ? »

Ivana parcourut rapidement des yeux la lettre qu'elle avait écrite le soir même. Que lui avait-il prit? Sur ce maudit bout de papier elle ne faisait que se plaindre, or gémir auprès des autres n'étaient pas ce dont elle avait envie... Loin de là même... C'est pourquoi après avoir murmuré ce "non" qui signifiait tout simplement qu'elle n'enverrait pas la lettre, elle froissa le parchemin et regarda d'un air surpris l'élève qui s'était alors assis sur le rebord d'une fenêtre, s'apprêtant à jouer de son instrument et qui apparemment avait entendu ce que la sorcière avait prononcé.

"Hein? Euh non rien, je me parlais à moi même en fait..." répondit-elle en le fixant dans les yeux.

Ivana détourna ensuite le regard en direction de sa main dans laquelle elle serrait encore la lettre. Elle avança jusqu'à la fenêtre où se trouvait le jeune homme, puis tout en faisant attention de ne pas le déranger, elle lança le parchemin dehors. Elle le regarda tomber le long des immenses mûrs du château puis atterrir dans un buisson de fleurs. Elle resta ainsi penchée contre le rebord à regarder à l'extérieur.

"Tu jouais quoi tout à l'heure?" demanda Ivana, intéressée.

Narcisse avait rabaissé son archet alors qu’il attendait la réponse de la jeune fille non loin de lui. Il l’avait suivit des yeux alors qu’elle s’approchait de la fenêtre sur laquelle le jeune garçon était assis. Il replia sa jambe pour la laisser passer le bras par l’ouverture et baissa les yeux pour mieux voir ce qui semblait être une lettre, tomber le long de la parois avant d’être emportée par un bras de vent pour atterrir dans un buisson non loin de la voûte du parc.

C’était étonnant comme les jeunes filles qu’elles soient bien mises ou non possédait ce charme. Les cheveux démis et la robe de chambre mal nouée, cette jeune fille était naturelle.
Il sourit à sa question puis hocha la tête d’un air entendu. Peu de gens s’intéressaient réellement à la musique… encore moins à la musique de Narcisse, ce jeune Russe aux airs agressifs et au pas certain, qui n’était autre qu’une façade qu’il se donnait la plupart du temps pour rester tranquille, loin des vociférations des autres élèves qui le traitaient la plupart du temps pour un vulgaire étranger, un intrus… un félon.

« Je ne jouais pas, je fredonnais. C’est la célèbre Lettre à Elise de Beethoven. »

Narcisse ne savait pas de quelle maison était la jeune fille comme sa robe de chambre qu’elle soit dans le noir de la volière ou non ne laissait voir aucun signe distinctif. Par contre le gilet ajusté typé 19eme que portait Narcisse montrait clairement par le serpent brodé sur sa bordure qu’il était de serpentard.
Il avança une main neutre vers une mèche des cheveux blonds qui était échappée de sa cascade pour la remettre à sa place et fit rouler son accent de l’Est afin d’ajouter :

« Vous semblez préoccupée… »

Ivana devait avouer qu'elle ne connaissait pas grand chose de la musique. Non pas qu'elle n'aimait pas le classique, c'était juste que de manière général elle ne s'était jamais intéressée plus que ça à cet Art. Seuls les mots avaient réellement de l'importance à ses yeux, ils étaient pour elle ce qu'il y avait de plus noble. Néanmoins, il n'était jamais trop tard pour apprendre, s'ouvrir et s'enrichir l'esprit.

"Oui, pardonnez moi..."

Comme on aurait pu le dire familièrement, le jeune homme en imposait, si bien qu'Ivana ne savait plus si elle devait le tutoyer comme toute autre personne de son âge, qu'elle considérait en effet comme égale, ou si elle devait lui montrer une quelconque marque de politesse.

"La lettre à Elise... De Beethoven... Célèbre, certainement, mais pas pour les incultes de mon espèce..." dit-elle sur le ton de la plaisanterie.

Suite à cela, Ivana s'adonna à l'examination plus précise de son interlocuteur. Ce dernier portait l'insigne de Serpentard sur un gilet de style ancien. Peut-être du 19ème siècle. Ivana souria, elle préférait le 18ème. Les lumières.
Le sorcier s'approcha et remit en place une mèche de cheveux à Ivana. Sans dire un mot elle le regarda faire. Puis quand elle reprit la parole elle put se rendre compte qu'il avait un accent de l'Est. Cet accent lui rappelait quelque chose. Celui de sa grand-mère qui habitait l'Est de la Pologne. Tous les souvenirs de ses étés d'enfance lui revinrent à l'esprit.

"Moi, préoccupée? Oui et non... Disons que je m'apprêtais à envoyer un ramassi d'idioties à ma famille et maintenant votre accent me rappelle... me rappelle ma grand-mère... Voillà les seules choses qui occupent mon esprit..."répondit-elle.

Ivana ne savait pas trop quoi ajouter. Elle ne voulait surtout pas l'ennuyer avec ses histoires. Surtout qu'elle ne connaissait pas même son nom.

"Je m'appelle Ivana Atherton, je suis en sixième année à Gryffondor... et toi?" demanda-t-elle tout en espérant en apprendre plus sur ce mystérieux interlocuteur.

Cette petite excuse quand à la réflexion de Narcisse l’avait un instant bref amusé… si bien que le sourire (pourtant rare) sur le visage du garçon s’était élargis. Oui il en imposait, mais en aucun cas ce ne fut volontaire. Sa rude éducation dans son enfance, les coutumes de sa famille en Russie, beaucoup de choses l’empêchaient inconsciemment de se lier d’amitié avec les autres comme le faisaient certains… par exemple en sautant au cou des gens pour les couvrir de paroles et de rires inutiles. Pour Narcisse, la discussion passait d’abord par sa politesse, sa tenue et sa bien-séance qui la plupart du temps n’étaient pas compris par ses interlocuteurs. Narcisse n’était certainement pas né à la bonne époque et deux siècles auparavant auraient été parfaits.

Il rit cependant de bon cœur à la plaisanterie de la jeune fille. 18eme siècle des lumières… 19eme siècle de la poésie du parnasse avec Paul Verlaine et Arthur Rimbaud… Les poètes maudits comme ils le disaient si bien… c’était si bon.

« Et ce ramassis d’idioties a terminé sa course dans les fourrés de l’école… c’est dommage. »

Narcisse lui, n’avait jamais envoyé de lettre à sa famille pour la simple et bonne raison qu’il leur en voulait encore de l’avoir viré de la maison alors que son tempérament laissait à désirer… cependant s’il avait quelqu’un à qui il tenait encore dans sa famille, il ne se gênerait pas de le noyer sous les lettres.

« Votre grand-mère… et sans être indiscret de quel coin est elle ? Minsk… St Petersbourg ?”

Puis ouvrant plus les yeux en entendant sa suivante question, il lui prit la main et déposa sur le dos de celle ci un baiser… plus un effleurement aérien qu’un réel baiser.

« Je ne me suis pas présenté, veuillez m’en excuser. Narcisse Ivanov, 7ème année chez Serpentard »