Le Pays des Cauchemars [(PV)]

Les yeux aussi sombres que les traits de crayon qui les entourent, le souffle léger, Serve regarde une dernière fois le reflet, le sien, sur la surface lisse d’une flaque d’eau. Une cigarette à la bouche, une bouteille à moitié vide de bière dans la main droite, le Serpentard guète, attentif, le ténébreux garçon lui faisant face. Une crête proéminant sur le crâne, un regard haineux et froid, aucun sourire relevant ses lèvres ornées d’anneaux. Le jeune Préfet reste quelques secondes à contempler ce corps, cet homme nouveau qu’il est devenu. Puis, d’un pas décidé, il reprend sa marche, ne manquant pas d’écraser cette image de lui se reflétant dans la mare d’eau. De la brume, épaisse, masque un peu plus sa vue brouillée. Mais peu lui importait à l’heure actuelle. Les jours se faisaient longs à présent, trop longs, éternellement longs. Dégouté de la vie, de sa vie, le jeune homme ne souhaitait plus se battre. Il ne voulait plus sourire, juste pleurer, en silence, caché du reste du monde. Telle une douleur physique, une plaie non refermée, la mort d’une personne aimée avait anéanti en lui tout espoir et toute pensée qu’il se faisait de ce passage éphémère sur Terre. Oublier, c’est tout se qu’il pouvait faire. Se noyer dans l’alcool, dans la drogue, en priant le seigneur pour qu’un nouveau matin, son cœur ai refermé cette blessure profonde qui tiraille sa vie, son esprit.

D’une démarche vacillante, le jeune garçon dérive, inconscient. Il a un an de cela, cette même soirée se répétait. Saoul, drogué, Serve marchait dans les rues, airant comme un vagabond, déprimé, brisé de par la mort de son frère aîné. Mais Elle avait été là, soignant, épongeant ses blessures. Aujourd’hui, Elle est parti, tout comme Chris, le laissant encore une fois seul, ayant comme seul soutient ses propres rêves. La cigarette qui dépassait de ses lèvres tomba à terre. Appuyé contre un mur, la tête penchée en arrière, Serve se laissa glisser contre le mur glacé, s’écroulant presque au sol humide. La bouteille qu’il tenait dans la main roula sur le côté. Le souffle court, le garçon se sentait partir. Ses pensées légères et sombres divaguaient, oubliant toutes choses matérielles et immatérielles. Des songes, seulement des songes.

Ses deux prunelles s'ouvrèrent. Des heures s'étaient écoulées. La nuit avait remplacé le brouillard qui recouvrait l'Allée des Embrumes. Les yeux plissés, une main posée sur son visage, Serve reprenait lentement conscience. La lumière vive du lampadaire à ses côtés lui brûlait la vision, la rendant plus trouble que de nature. Les effets de l'alcool ne s'étaient donc pas entiérement dissipés. Un sourire, mince, étira les lèvres du garçon. Celui-ci s'allongea au sol. Peu lui importait de savoir s'il était humide ou pas. Il voulait simplement dormir, replonger encore dans ce monde merveilleux des rèves et cauchemars. Oublier encore et à nouveau. Toujours. Sans même tenter de se souvenir.

Invité

« Héroïne, où m'emmenes-tu ce soir ? »
« Tu le saura quand tu arrivera. En attendant, marche. »

De longs cheveux bruns tombent sur son visage pâle et c'est dans un soupire qu'Asphyxia se lèvre et regarde les flammes danser dans la cheminée. Dehors, il fait froid, quelques flocons de neige tombent mais pas pour longtemps. La nuit ne fait que commencer mais pour elle, c'est comme un nouveau jour bourré d'aventure aussi étranges les unes que les autres. Cette partie de la journée sombre avec son disque argenté était devenue son jour et son soleil. Asphyxia ne vivait plus, elle dormait toute la journée en s'enfermant dans un monde tellement merveilleux. Souvent, elle se demandait pourquoi elle continuait de vivre puisqu'elle n'en avait aucune raison. Elle ne savait pas pourquoi elle se levait puisqu'elle n'avait pas de projet, aucun but dans cette misérable vie qu'était la sienne. Il n'y avait personne près d'elle pour l'aider à trouver sa place. Ses soeurs étaient bien trop différentes d'elle et ne voyait pas se malaise qui la hantait. Quand à ses amis, elle n'en avait même pas. Personne ne voulait d'elle car elle était toujours de mauvaise humeur. C'était une personne jamais contente, qui envoyait ballader tout le monde et qui ne pensait qu'à sa petite personne. Mais ça, ce ne sont que des rumeurs et malheureusement les gens crois tout ce qu'ils entendent.

Lentement, elle se retourna et commença à marcher direction la sortie de la salle commune. Au passage, elle s'empara de sa baguette magique qui se trouvait sur une des tables de la salle. Asphyxia la regarda, comme si elle éspèrait pouvoir la brûler avec ses yeux. C'était trop demandé pour la petite poufsouffle qu'elle était de regardé un objet plus d'une dizaine de secondes. Alors, elle baissa les yeux sur le sol, accompagné d'un soupire. Une seul personne vint hanté son esprit. Ou plutôt son amie imaginaire, son alter ego qu'elle avait crée à son entrée à Poudlard quand tout le monde se moquait d'elle et la rejetait. Son nom était le suivant : Héroïne. Elle l'avait appelée ainsi car c'était une drogue que sa soeur consommait et qui lui faisait beaucoup de bien. Comme un anti douleure, quand tu commence tu ne peut plus t'en passée. Au départ, c'était juste une petite aide psychologique qui n'allait pas durer, mais cela fait maintenant six ans. Six ans qu'Héroïne existe, six ans qu'elle est sa meilleure amie.

« Quand ece que je n'aurais plus besoin de toi ? »
« Tu aura toujours besoin de moi, Asphyxia. Sans moi, tu n'est rien. »

La voix aguïe d'Héroïne retentie dans la tête de la jeune fille qui transplanna quelques instants plus tard. En quelques secondes elle était dans l'allée des embrûmes. Pourquoi son amie l'avait ammenée dans un endroit aussi sombre ? Asphyxia ne comprennais pas. Elle avait le don de l'emmener dans des rues complétement insolite où elle se trouverait seule avec ses pensées. Mais après tout c'était une habitude pour la jeune fille qui ne conaissait rien du mot amitié ou amour. Ce n'était que des mots, mais à quand ceux qui leur donnerait une définition arriveraient dans sa vie ? Une nouvelle question sans réponse qui se cognait dans la tête de la pauvre Asphyxia qui marchait en manquant de tomber tout les dix mètres. Alors qu'elle fermait les yeux et se laissait guider par la voix d'Héroïne, elle percutta quelque chose ou plutôt quelqu'un. Ses paupière se relevèrent et ses pupilles se dilétèrent. Asphyxia baissa la tête et regarda la personne qui semblait complétement ivre sur le sol. Elle recula d'un pas, ne sachant que faire. Elle regarda autour d'elle pendant quelques instants puis se yeux se reportèrent sur l'inconnu quand celui ci se redressa.

« Excusez moi, je n'ai pas fait exprès. Vous allez bien ? »

L’esprit perdu, les yeux clos, les bras croisés sur sa poitrine, le jeune élève ne parvenait à trouver le doux chemin du sommeil. Son souffle irrégulier traduisait son inquiétude présente, ses sentiments de peur mêlés à ceux de la haine. Le manteau brûlant de la colère et du mépris avait recouvert son cœur refroidi, glacé par la perte des êtres qu’il aimait. L’hiver est proche, loin d’être terminé. Sa vie n’était plus aussi tendre et agréable qu’il l’avait connu, quelques temps plus tôt. Enfin, elle lui révélait son véritable visage : cruelle et sans pitié pour des âmes innocentes, inconscientes. De l’injustice purement et simplement écœurante, dégoutante. Comment donc se prénomme ce fou qui disait vouloir vivre pour accomplir son bonheur parfait ? Pitoyable et incompréhensible. Comment aimer une chose qui, chaque minute, ôte se qu’il vous a offert ?

Puis, soudainement, tout se chamboula. Le calme de la soirée s’envola. Le Serpentard ressenti comme une fine douleur, un coup, lui tirailler le flanc droit. Les sourcils froncés, Serve ouvrit lentement les paupières, son regard ténébreux se posant sur les yeux d’une jeune fille lui faisant face. Un soupire résonna, exaspéré. Le Préfet prit son temps avant de se lever. S’étirant gracieusement bras et jambe tel que l’aurait fait un félin, le jeune vert et argent reporta ensuite son attention sur la nouvelle venue. Une silhouette fine et mince. De longs cheveux bruns couvrant son visage sur les côtés. Le garçon n’eu pas à l’observer longtemps pour deviner qu’elle était de Poudlard. Ses expressions étaient loin de lui être inconnue. Il ne lui avait certes jamais adressé la parole, ni même prit le temps de la connaître. Mais aujourd’hui peu lui importait de rencontré des personnes. La solitude, profonde et complète.

Elle brisa ce silence pesant de sa voix. Une question qui n’eu que pour effet d’exaspérer un peu plus le Serpentard. Celui-ci inspira longuement avant se reporter son regard sombre et pétillant sur elle. Vacillant légèrement, il s’avança vers elle, révélant ainsi son visage à la lumière du lampadaire. Ses traits déformé en une expression de colère mêlé à de la folie.

« Nan je vais mal, très mal, j’ai mal. Mais je suppose qu’une jeune fille telle que vous n’a pas vraiment grand intérêt à porter à quelqu’un sans importance ? Alors pourquoi posez cette question ? Hum ? En revanche, si vous tenez à m’aider je vous conseil de ne plus croiser mon chemin, ça vaudra mieux, autant pour moi que pour vous. Sur ce, bonne soirée et joyeuse Pâques. »

Un rire, léger, accompagna sa phrase. Il ne savait plus, et ne voulait même pas savoir se qu’il prononçait et faisait. L’unique chose qu’il désirait, elle s’était envolée, comme beaucoup d’autres. Hors de portée. Une main posée sur le muret de brique à leur côté, Serve entreprit de s’adosser à ce dernier, guettant la réaction de la jeune fille qui, semble-t-il, ne souhaitait pas bouger d’un pouce. Sceptique, le Préfet amena sa main jusqu’à son front avant de fermer les yeux, reprenant malgré lui le calme dont il avait autrefois été maître.

« Tu ne t’es pas fais mal au moins ? »

Invité

En voila un qui devait avoir plus d'un problème pour se tenire ainsi. Le regard de la Poufsouffle se tourna vers la bouteille de verre qui se trouvait seul sur le sol puis à nouveau sur cet inconnu. Apparement il n'avait pas envie de parler et d'ailleure Asphyxia non plus. Elle resta planter la à l'observer jusqu'à ce qu'il lui pose la même question qu'elle lui avait demandé quelques instants plûs tôt. Un sourire sans joie releva les lèvres de la jeune fille qui se baissa pour prendre entre ses doigts la bouteille qui se trouvait sur le sol. Elle lança un regard discret au garçon qui lui faisait face puis jetta la jetta contre un mur. Ce n'est pas en un bout de verre qu'elle retomna sur le sol mais en une dizaine au moin. Une foie ceci fait, elle se tourna à nouveau vers lui, ce garçon qui la regardait méchament. Asphyxia n'avait aucune envie de rester ici, quand elle voulait reprendre partie, Héroïne avait pris le contrôle de ses membres. l'obligeant ainsi à rester immobile au milieu de la rue. La jeune fille lacha un soupire, passa sa main dans ses cheveux pour mieux voir le garçon qui lui faisait face et répondit d'une voix assez agacée :

« Non mais je suppose qu'un garçon tel que vous n'a pas grand intéret à porter à quelqu'un sans importance. »

Elle avait citée mot pour mot ce qu'il lui avait dit quelques secondes plus tôt. Asphyxia détourna ses yeux vers le fond sombre de la ruelle avec pour seule envie celle d'y aller. Pour faire quoi, elle ne le savait pas. Héroïne était vraiment bizzare, un instant elle l'obligeait à rester la en compagnie de quelqu'un qui voulait qu'elle s'en aille puis elle la poussait à repartire. La Poufsouffle leva les yeux au ciel et tenta une nouvelle foie de bouger mais elle n'y arriva pas. Elle n'avait pas le choix, elle était obligée de rester seule avec lui. Il pouvait la tuer, après tout, personne ne l'aurait remarqué. Asphyxia le regarda, ses yeux cernés de noir ne parvenait pourtant pas à cacher la fatigue qui se voyait comme le nez au milieu de la figure. Un soupire sortie des lèvres entres ouverte de la jeune fille qui passa ses mains sur ses bras pour se réchauffer. Une nouvelle foie elle c'était aventurée dehors avec une simple veste et keffieh. Quand à son slim noir et ses converses, ils étaient humides et elle aussi avait du mal à rester debout tellement elle avait froid.

Un vent léger vint faire voler les méches des deux élèves qui se dévisageait depuis à peut près une minute. Le premier à tourner les yeux fut bien sur Asphyxia qui n'était pas très bonne à ce jeux la. Ses lèvres avaient pris une couleure violette et ses paupières avaient une facheuse tendance à se refermer. Décidement, elle dormait toute la journée et elle était quand même fatiguée la nuit. Tout d'un coup, comme si Héroïne lui avait mit une giffle, elle sursauta et ouvrit à nouveau les yeux. Ceux ci se tournèrent vers l'élève inconnu qui continuait de la dévisager comme si elle avait une citrouille à la place de la tête. Sans attendre plus longtemps, Asphyxia s'appuya contre le mur, à côtés de lui.

« Serve Reeves, c'est bien cela ? On parle beaucoup de toi au chateau. »

Elle n'avait même pas pris la peine de le regarder, elle fixait le fond de la sombre ruelle. Asphyxia avait l'impression de voir Héroïne marcher le long des murs froids. Longtemps, elle c'était faite une image de son alter ego. Ses longs cheveux blonds volaient toujours derrière elle, elle ne souriait jamais et elle avait des yeux noir comme la nuit. Sombre description mais pourtant c'était la sienne. Asphyxia tourna les yeux vers Serve, le regardant de haut en bas.

Le regard fou, flou, Serve ferma doucement les paupières. Aveugle à la vue du monde le dégoutant. Le noir, le vide, rien, absolument rien. Aucun bruit, aucun son ne résonnait à l'extérieur. Seule la phrase de la jeune élève rompit ce doux calme. Une citation plus qu'une phrase. Sceptique, le Préfet ouvrit un peu trop vivement les yeux pour recommencer à fixer sa compagnie. Aucun sourire sur ses lèvres, seulement une expression mauvaise de surprise mêlée à du mépris. Du mépris oui. Non pas envers la jeune Poufsouffle, mais envers chaque être vivant habitant cette planête. Tous des chiens, du vulgaire animaux, ne cherchant qu'à tuer et à survivre. Des termes certes lourds en sens, mais ô combien pensés et véridiques. Pas besoin d'une louppe ou même d'un dessin pour prouver que l'Homme est la pire créature que Mère Nature ait inventé. Pitoyable erreur de sa part. Encore faut-il qu'elle y remède, au plus vite.

De sombres pensées, aussi noires que ces prunelles. Le Serpentard préféra ignorer les dires de la jeune fille et se contenta d'arquer un sourcil. Ils étaient seuls, trop seuls. Deux élèves, en dehors du château, dans une rue suspecte. Tout laissait à penser bien des choses. Aucune d'elles n'étant vraies, quoi que... Elle reprit alors enfin la parole. D'un naturel plus accueillant que le dernier. Un fait surprenant quand on connait la nature mystérieuse de cette jeune fille. Aussi imprévisible que lui. Son propre nom résonnait dans son esprit. Reeves. Winter Reeves. Une nouvelle identité qui n'avait pas tardée à faire le tour de Poudlard. Mais qu'importait, pour l'instant. Serve prit son temps avant de lâcher sa réponse. Plus sûr de lui qu'il ne l'était il y a quelques minutes, le vert et argent lâcha d'un air serein et calme :

« Vraiment ? Et que dit-on donc sur moi ? »

Légérement surpris, Serve laissa un sourire sans joie, presque hautain, relever ses lèvres. Une question innutile puisqu'il était presque certain de la réponse. Toutes ces vulgaires vermines parlaient certainement de sa douleur, de choses dont-ils n'imaginent même pas les conséquences. Stupides sorciers. Tous, autant qu'ils sont. Les moldus eux-même seraient presques plus intelligents que ces soient-disant élèves. Pitoyable, pathétique. Presque insupportable. Lentement, Serve reporta son regard sur la jeune fille. Celle-ci semblait elle même l'observer avec attention. Un sourire en coin, amusé, le Préfet fit de même. Tel un jeu, les deux jeunes élèves restèrent ainsi plusieurs minutes sans rien prononcer. Après quoi, le garçon décida de mettre fin à ce petit défis en reprenant la parole, d'une voix sourde, faible.

« Asphyxia, Asphyxia Gunt. Je ne pense que nous nous soyons parlé avant, je me trompe ? Enchanté. »

Un large sourire relevant ses lèvres, Serve resta l'épaule appuyée contre le mur tout en continuant à fixer la jeune Poufsouffle. Future amie ou ennemie ? Ou alors simple nouvelle rencontre ? Il s'en moquait. Seule chose qu'il voulait malgré lui, parler. Se confier. Sans avoir peur, sans éprouver de crainte ou même du doute.

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